« Dans le milieu de St-Pauli, j’étais connu et craint. Je pense qu’à ce jour, mon casier judiciaire reste chargé des mentions suivantes:
« Attention! Individu dangereux: port d’armes. » Il arrivait que, lorsque j’étais saoul, je rentrais dans un bar et pour saluer tout le monde, je tirais sur les lampes les unes après les autres, comme au « Far West »! J’étais dangereux et violent et cette réputation s’était répandue comme une traînée de poudre dans la ville. Mais personne n’osait me dénoncer à la police parce que nous avions une loi entre nous: celle du silence… Si quelqu’un avait rompu ce silence, il n’aurait pu rester très longtemps avec nous. »
Depuis son enfance, Peter Töpfer n’en faisait qu’à sa tête. Rebelle à ses parents, rebelle à l’école, et à toute autorité, il ne supportait pas qu’on lui ordonne quoi que ce soit.
Les autres ne comptaient pas, il était prêt à écraser tout le monde pour arriver à ses fins.
Déjà lorsqu’il avait 6-7 ans, sa mère lui dit un jour: « si tu continues comme ça, tu finiras en prison! »
Très jeune, il commence à voler dans les magasins de la ville de Berlin où la famille habite alors.
Aucune punition n’a d’effet sur lui.
« Je ne sais plus, dit-il, combien de cintres et de cuillères en bois ont été cassés sur moi… Mais cela ne servait à rien… »
Ses trois premières drogues : la musique, l’alcool et la cigarette !
Et comme il l’explique très bien dans son livre « Sorti du milieu » (Éditions du Cèdre), ses trois premières drogues étaient la musique, l’alcool et la cigarette. Il insiste beaucoup sur le lien puissant entre une certaine musique et les drogues.
Les années de sa jeunesse se résument à une recherche effrénée de plaisirs: les boîtes de nuit, la conquête de jeunes filles, la boisson…, puis c’est l’engrenage dans les vols, les cambriolages…
Pour quitter ses parents plus tôt que prévu, il s’engage dans la marine. A chaque escale, c’est la débauche.
Après un périple aux quatre coins du monde, il se retrouve donc à St-Pauli, dans le port de Hambourg, au nord de l’Allemagne. Il décide d’emblée de s’établir dans ces quartiers malfamés de la prostitution, où il trouve d’abord un emploi comme serveur dans un bar.
Mais comme il le dit lui-même: «mon travail n’avait rien à voir avec celui d’un serveur ordinaire. Dans ce bar de nuit –ou plutôt cette boîte de nuit– j’étais un trompeur professionnel. J’enivrais les gens, puis je les dépouillais de leurs biens. J’établissais des factures énormes et extorquais par tous les moyens l’argent des clients… C’est ainsi qu’ont débuté mes 17 années de vie nocturne».
Peter s’impose rapidement dans ces quartiers, contrôlés par le « milieu », où ce n’était pas facile, pourtant, de se frayer un chemin. Le jour où il découvre que la fille qu’il fréquente à l’époque le trompe, il prend la résolution qu’à partir de ce jour, les jeunes filles devraient travailler pour lui…
En peu de temps, il eut plusieurs prostituées à son service, et comme cela ne suffisait plus pour faire face à ses frais, il ouvrit rapidement une maison close et devint officiellement proxénète.
Du trafic d’armes et de drogue
Puis, avec d’autres propriétaires de maisons closes, ils formèrent une association regroupant une dizaine de ces « établissements », ainsi que deux casinos et pour financer le tout, ils se livraient à du trafic d’armes et de drogues.
Pour recruter des prostituées, ils allaient dans les discothèques, à la sortie des écoles… Lorsque l’âge de la majorité passa de 21 à 18 ans, cela devint beaucoup plus facile de recruter. « Dans ce travail de séduction, dit-il, la musique, la drogue, l’alcool jouèrent à nouveau un rôle important. La libéralisation des lois poussa les jeunes entre nos mains. »
« C’est nous, les gens du milieu, qui avons construit les discothèques qui devinrent nos « bases ».
Après, pour « décrocher » quelqu’un, il suffisait souvent de trouver une faille dans la famille: foyer désuni, couple éclaté… »
« J’avais un cœur de pierre, dit-il. Toute personne qui m’avait causé du tort devait en recevoir le salaire avec des intérêts. »
Puis, un jour, dans ces quartiers, s’est présenté un jeune homme aux cheveux longs. Il se disait chrétien. Son nom était Georges. Souvent, autour d’un café, il parlait de Jésus à Peter et à quelques-uns de ses amis. Il semblait sincère mais, finalement, rien dans sa vie ne le différenciait de ceux à qui il parlait de Dieu. Comme eux, il fumait du haschich et buvait du cognac.
Puis, un jour, Georges disparut. Il avait réalisé que finalement sa vie n’avait rien de chrétien et, découragé, il avait alors fait monter une prière à Dieu: « Seigneur Jésus, si tu existes vraiment, donne-moi une occasion de te connaître car tout ce que je fais ici ne me sert à rien. »
Et Dieu répondit à sa prière de façon étonnante. Il eut un jour entre les mains des informations concernant une station missionnaire en Afrique du Sud: le Kwa Sizabantu.
Il prit l’avion pour aller voir cette mission et là, sa vie fut transformée. Il revint à Hambourg environ deux mois plus tard. Le jour où il se présenta à nouveau dans le quartier de St-Pauli, personne ne le reconnut. Il avait coupé ses cheveux, il portait une tenue correcte, c’était un autre homme.
Il raconta alors à ces hommes endurcis ce qu’il avait vécu en Afrique du Sud.
« Si Jésus t’a parlé, que t’a-t-il dit ? »
Il avait rencontré des chrétiens qui n’acceptaient pas le péché dans leur vie et là, le Seigneur Jésus lui avait parlé.
Pour Peter et ses amis, il avait perdu la tête.
« Si Jésus t’a parlé, que t’a-t-il dit? » demanda Peter.
« Que je devais mettre de l’ordre dans ma vie. »
« Mais qu’est-ce que cela veut dire? »
« Eh bien, Dieu m’a convaincu de retourner dans les lieux où j’ai fait du mal pour reconnaître mes torts, réparer mes fautes et restituer les choses volées. »
Et il leur raconta comment il s’était rendu dans une banque où il avait commis un hold-up et il avait tout avoué. Il avait été convoqué devant tout le conseil d’administration de la banque qui avait longtemps débattu de ce qu’il convenait de faire. Georges s’attendait tout le temps à voir surgir la police pour l’arrêter, mais à la fin, on lui a dit:
« Monsieur, continuez à marcher sur ce chemin! Nous n’allons pas mettre d’obstacle à ce que vous vivez et nous n’allons pas engager de poursuites contre vous. »
Peter Töpfer écouta ce récit avec une grande fascination, mêlée d’une certaine incrédulité. Comment était-ce possible? Était-ce l’effet du haschich? Georges avait-il perdu la raison?
Mais en même temps, il était contraint de constater la transformation de cet homme jusque dans sa manière de se coiffer et de se vêtir.
Avant, ils avaient eu des échanges intellectuels sur Jésus, mais cela n’avait eu aucun impact sur sa vie. Maintenant ils se trouvaient confrontés à un témoignage vrai, profond.
Un jour, Georges invita Peter et ses amis à l’accompagner pour écouter une équipe de la mission Kwa Sizabantu qui se trouvait en Allemagne à ce moment-là.
Peter hésita, essaya de trouver des excuses pour ne pas y aller, mais finalement il accepta l’invitation. Lorsque le pasteur se leva pour annoncer l’Évangile, son cœur fut littéralement saisi.
« Qu’aucun chemin tortueux ne subsiste dans ta vie… ! »
Voici comment Peter lui-même raconte la suite:
« La lumière m’éclaira de plus en plus. Soudainement, ce fut pour moi comme si Jean-Baptiste prêchait au bord du Jourdain…:
« Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers! » Voilà ce que Dieu me disait à travers Jean-Baptiste: »Prépare la voie du Seigneur. Enlève les cailloux, comble les vallées, aplanis les collines, reconnais tes péchés, retourne vers les personnes que tu as volées pour leur rendre ce que tu leur as pris; va là où Dieu t’envoie demander pardon, vas-y! Sois obéissant. Là où tu as menti, retourne demander pardon, là où tu as mis des personnes sur le chemin de l’enfer, demande pardon, aplanis la voie de manière parfaite, qu’aucun chemin tortueux ne subsiste dans ta vie… »
Peter reconnut que c’était là l’occasion pour lui de faire demi-tour. Une profonde conviction de péché l’avait saisi, et à chaque réunion il pleurait amèrement, réalisant tout à coup quel genre de vie il avait mené. Un soir, toute sa vie se mit à défiler devant lui comme un film.
« Je ne voyais plus ma vie avec mes propres yeux, raconte-t-il, mais telle que Dieu la voyait et cela était un fardeau si lourd à porter que je m’écroulai à terre. Je n’arrêtais plus de pleurer. Bien qu’il fasse jour, tout était noir autour de moi. J’étais persuadé qu’à cause de la vie que j’avais menée, et que Dieu venait de me révéler, je méritais la mort. Je n’avais plus le droit de vivre. J’eus encore la force de me traîner dans le bureau du responsable de la communauté où je tombai sur la face, pleurant et attendant la mort…
« Seigneur, avec ton aide, je ne retournerai jamais en arrière. »
Je ne sais plus combien de temps je passai ainsi. Je n’avais pas besoin de réfléchir aux péchés de ma vie: ils se présentaient tous les uns après les autres devant moi… Quand je pus à nouveau bouger la tête pour regarder à ma gauche, je vis des genoux à côté de moi. Je regardai plus haut et je vis le responsable de l’église, la Bible à la main, priant et lisant des passages concernant le pardon des péchés.
Ces paroles devenaient prière dans le cœur de Peter et soudain, il réalisa le pardon de Dieu.
« C’était comme si quelqu’un venait d’allumer une lumière, dit-il. Le fardeau de mon péché m’était enlevé et je reçus la certitude que le Seigneur m’avait pardonné. »
Il se releva, déterminé:
« Seigneur, dit-il, avec ton aide, je ne retournerai jamais en arrière. »
A la suite de cette conversion profonde, authentique, Peter entreprit le voyage qu’il avait promis au Seigneur pour mettre de l’ordre dans sa vie, pour aller demander pardon à toutes les victimes de sa vie de péché, jusqu’aux parents des filles qu’il avait détournées. Une seule chose comptait: que sa vie soit en ordre avec Dieu et avec son prochain.
Dans ce but, il eut aussi l’occasion de retourner voir certains caïds du milieu où il avait passé tant d’années de sa vie. L’un d’entre eux, un homme qui avait tué deux des amis de Peter, s’est converti, un autre, que Peter est allé voir pour lui demander pardon, lui a dit, en sortant un pistolet d’un tiroir, lui montrant la balle qui y était logée, qu’il avait de la chance d’être venu le voir avant qu’il ait eu l’occasion de le tuer. Car cette balle lui était destinée.
Il faut que les jeunes sachent…
et les parents aussi !
Peter Töpfer connut une transformation totale. Il sait que sa vie est désormais entre les mains du Seigneur. Tout en travaillant modestement dans un magasin de meubles avec un frère en Christ, il prêche l’Évangile et il est responsable d’une petite communauté évangélique au nord de l’Allemagne.
Profondément reconnaissant envers Dieu et aussi envers les frères par qui il a entendu l’Évangile, sa vie n’a désormais qu’un but: servir le Seigneur et avertir les jeunes qu’il rencontre –et aussi les parents– des dangers énormes de notre société contemporaine.
« Encore aujourd’hui, résume Peter Töpfer, des parents me demandent s’il y a quelque chose de mauvais à ce qu’un chrétien aille dans une discothèque. Je voudrais donc être le plus clair possible: les discothèques sont des lieux où des criminels cherchent leurs victimes. C’est à cela qu’elles nous ont servi pendant des années. Les dealers et ceux qui commercent avec l’alcool y trouvent leur clientèle, ceux qui sont consumés par les passions de la chair y cherchent leurs victimes sexuelles. Suis-je assez clair? Aussi, quand des parents me posent une telle question, je leur demande ceci:
« Lorsque vous allez au parc zoologique avec vos enfants, est-ce que vous les jetez dans la cage aux lions ? »
(Présentée par A.A.)