C’est un légume…» ou «ce n’est plus qu’un légume…». Ainsi entend-on qualifier de plus en plus souvent les personnes qu’un accident ou une maladie grave ont plongées dans ce que l’on appelle encore – dans un langage moins cru mais avec une même connotation déshumanisante – un «état végétatif».
Il est des mots dont l’usage dit bien plus que la seule signification première, qui sont révélateurs d’un état d’esprit, d’une vision des choses : ils sont le miroir de l’âme et de la pensée de leur utilisateur…
Celui-là dit beaucoup sur la déshumanisation de nos sociétés déchristianisées.
Un «légume» n’est plus un être humain. Il est une chose. Et sa vie «d’ancien être humain» que l’on considère réduite à celle du végétal ne vaut plus «la peine d’être vécue» estime-t-on alors… Tel est, schématisé mais bien réel, le raisonnement souvent tenu aujourd’hui, qu’il soit exprimé en termes frustes ou sophistiqués ; les controverses parfois aiguës qui accompagnent depuis des mois et des mois la dramatique et emblématique «affaire Vincent Lambert» en France l’ont caractérisé.